6 février 2008
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J'ai écrit cette histoire d'après une trame fournie par une conteuse dans un atelier d'écriture.
Au pied du château fort, perché sur la colline, une forêt dense s’étale. On raconte à la veillée que les bêtes sauvages y font la nuit des sarabandes qui font crier de peur les enfants des serfs. L’hiver quand il gèle à pierre fendre, on perçoit au loin les hurlements des loups. Il circule dans ces lieux des histoires extraordinaires des histoires de fées, de lutins, de mauvais génies. Dans une clairière, cachée par un fouillis de branches et de feuillages il est une masure. Une veuve et ses trois fils vivent là depuis la mort du père. Quand les travaux qu’elle doit effectuer chez le seigneur lui laisse quelques loisirs, elle brode. Ses ouvrages sont appréciés de la châtelaine. Quand il y a fête dans la grande salle commune, quand les troubadours content les nouvelles au son de la vielle, chacun admire les tapisseries qui recouvrent les murs., les commandes affluent et la mère peut ainsi améliorer l’ordinaire à la maison. En ce jour ensoleillé d’automne, elle s’est installée en pleine lumière pour admirer le paysage qu’elle crée depuis de longs mois. Elle a laissé libre cours à son imagination, cette œuvre c’est son rêve, le champ de coquelicots, elle se souvient : une goutte de sang est tombée de son doigt , et aussitôt quelques points lancés, l’odeur des moissons, les blés, les fleurs…Ah ! S’il était aussi facile de faire pousser un champ de blé !! La vie serait plus douce et le pain plus présent dans le coffre !Le vent fait tourbillonner les feuilles, la fraîcheur la fait frissonner, elle s’est trop attardée, il est temps de rentrer et d’allumer le feu quand soudain une rafale emporte la toile. Elle court, affolée, mais le mauvais génie de la forêt lui joue un vilain tour, impossible de récupérer sa broderie. Elle pleure, ses enfants la trouve prostrée au coin de la cheminée. Ils s’inquiètent : est-elle malade ? A-t-elle appris une triste nouvelle ?Non, son rêve s’est envolé, elle n’a plus le courage de se battre. Petit à petit, sa santé décline. Dans la clairière il n’y a plus de chants, plus de rires, la soupe est claire faute d’argent pour les achats. Le fils aîné décide de partir à la recherche de la toile, il confie la garde de la maman à ses frères :- Je serai vite de retour, attendez-moi, la joie reviendra ! Hélas, les semaines passent.- Que faire ? Je vais à sa rencontre annonce le second garçon,- Aie confiance, dit-il au benjamin , je ramènerai la broderie et maman sourira à nouveau !Mais l’attente est longue, trop longue.- Où sont mes frères ? S’interroge le troisième, et un matin le voilà sur les chemins questionnant les rares passants :- Avez-vous vu l’ouvrage de maman qui s’est envolé le jour du grand vent ?Une vieille, édentée, de l’autre côté de la forêt le fait entrer dans sa masure.- Es-tu le troisième fils de la brodeuse ?- C’est moi, je cherche l’ouvrage de ma mère qui s’est envolé le jour du grand vent !Elle lui tend une bourse remplie de pièces d’or.- Mais, qu’est-ce ?- Les fées ont pris la toile, mais elles ont bon cœur et pour te dédommager elles t’offrent ces quelques pièces !- As-tu vu mes frères ?- Oui ! Ils ont pris la bourse et sont allés s’installer à la ville !Le jeune homme réfléchit, il sait que l’argent ne guérira pas leur mère.- Où sont les fées ? Il faut que je ramène l’ouvrage, ma mère ne survivra pas à sa perte !La vieille, qui était en réalité une sorcière, l’accompagne vers une prairie. Au bord d’un ruisseau, les jeunes fées tirent l’aiguille ! Des laines de toutes les couleurs sont éparpillées sur l’herbe verte, elles copient la fameuse toile, mais l’ouvrage est long et le jeune est triste.- Quand pourra-t-il reprendre son bien ?Une jeune et jolie fée écoute son histoire, elle est émue et réussit à convaincre ses compagnes de lui rendre la toile qui leur sert de modèle. Elle le fait patienter quelques instants : le temps pour elle de broder, près du ruisseau qui borde le champ de blé, une jeune fille qui lui ressemble, pense le jeune garçon !De retour chez lui, il étend la toile et va chercher sa mère. Quand ils arrivent sur le seuil, le vent se lève et devant leurs yeux étonnés la toile s’envole, s’étire, se partage et …devient réalité !Le champ de blé, les coquelicots, la maisonnette et là-bas près du ruisseau il reconnaît la jeune fille.Dans la clairière la joie est de retour, la mère est guérie et bientôt le gazouillis d’un bébé…car, vous l’aviez deviné : ils se marièront et auront beaucoup d’enfants !!