Il était une fois un oiseau. Oiseau de mer, il volait au-dessus des flots bouillonnants, se moquant des vagues qui se fracassaient sur les rochers.
Quand le soleil se couchait, quand la mer devenait rose, il se réfugiait dans une anfractuosité de la falaise. Personne ne pourrait l’y déloger, du moins le croyait-il !
Il eut fallu être alpiniste pour escalader l’abrupt et que viendrait-il faire sur cette côte sauvage ?
A l’aube, le volatile s’élançait vers l’horizon lointain mais jamais il n’avait pu l’atteindre. Quand la muraille, qui abritait son refuge n’était plus qu’une ombre dans la brume, il faisait demi-tour et se rapprochait du rivage.
Plongeant dans l’océan pour y pêcher sa pitance, il jouait avec le vent, montant et redescendant, profitant des courants. Jamais fatigué, il se croyait le maître de l’air !
Pourtant un jour, l’ennui
vînt : il lui fallait une compagne ! Jeune présomptueux qui croyait qu’un cri suffirait pour qu’accoure ou plutôt vole à sa rencontre, une femelle esseulée !
Il s’égosilla en vain et ses appels stridents n’eurent aucun effet. Il dut moduler, exécuter un ballet aérien pour tenter une compagne. Enfin quelqu’un s’approcha et l’accompagna jusqu’au logis. Mais la demeure ne convenait pas à la belle. Examinant chaque creux, chaque fente, la femelle choisit de se poser sur un caillou en surplomb servant de balcon à une petite grotte.
L’aménagement du lieu demanda une longue après midi mais au crépuscule le couple put se reposer dans une résidence à sa convenance. La suite aurait pu être bien banale : pondre les œufs, couver et élever une famille, mais un imprévu vînt troubler cette quiétude.
Un matin, alors que le soleil montait dans un ciel bleu sans nuage, un sanglot, un miaulement déchira le silence.
Dérangé dans la préparation du nid, le mâle plongea vers la sortie, la femelle se terra dans le coin le plus sombre.
Grâce à ses yeux perçants, il fouilla la paroi, inspectant chaque recoin. Il allait et venait, prêt à fondre sur l’intrus et à défendre bec et ongles sa propriété.
Ce n’était qu’un chaton accroché à une pierre sur le balcon voisin ! Jouant sur le sommet de la falaise, essayant maladroitement de poursuivre une alouette, il avait dévalé le flanc rocheux et apeuré il miaulait à perdre haleine.
Que faire ? A l’approche de l’oiseau l’angoisse de l’animal augmenta.
Ses griffes lui permettaient de remonter mais le vertige et la peur le paralysaient.
Que se passa t-il dans la tête des mouettes ?
Préoccupés par leur descendance, cette jeune vie leur apparut comme un heureux présage. D’un commun accord, ils décidèrent de nourrir l’orphelin en déposant près de lui des petits poissons.
Le chaton reprit des forces, s’enhardit, et put enfin rejoindre le sommet et reprendre une vie plus normale.
Il y eut cette année là sur la falaise, deux belles nichées d’oisillons qui s’envolèrent vers la liberté dès que leurs ailes eurent assez de force !
Dans un village voisin, un gros matou, faisait le beau, fier et oublieux de sa mésaventure, il paradait pour montrer sa force et son courage ! Personne ne saurait pourquoi il miaulait, quand d’aventure, un goéland tournoyait au-dessus de la place du village !