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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 17:30

 Nous allions jouer les aventuriers pendant un certain temps. Au fil des visites, pendant que les parents visitaient, mesuraient, examinaient et calculaient, nous faisions des parties de cache- cache dans les pièces vides qui sentaient souvent le moisi,  nous nous disputions les chambres, chacun voulant s’approprier la meilleure. Nous créions des personnages qui nous recevaient et nous distrayaient. Les escaliers en colimaçon qui conduisaient sous les toits nous tentaient mais nous avions interdiction absolue de les emprunter.

Dès que la voiture s’arrêtait devant un logement notre imagination se débridait. Avant que l’accompagnateur n’ouvre les volets, des personnages fictifs apparaissaient sur le seuil et s’avançaient pour nous accueillir. Main dans la main, complices, nous partions à la découverte.  

Après avoir en vain sillonné les bords de la Garonne, les parents élargirent leur champ d’investigation.

C’était l’hiver, la campagne était triste, humide, et nous commencions à nous lasser de ces randonnées. Le jeu avait cessé de nous plaire, nous avions épuisé les scénarios, ne restaient qu’ennui et réprimandes. Nous étions toujours là ou il ne fallait pas et jamais prêts quand le signal du départ était donné !

Pourtant les batailles de pommes de pin, les courses folles en bordure des « esteys », avaient emporté notre préférence.  L’hiver, les vignes et les pâturages offrent un spectacle de désolation, tandis que les résineux gardant leurs aiguilles,  la morte saison y est moins triste ! Et puis il y avait le Ciron ! Il serpente entre des aulnes  et le vignoble avant de rejoindre la Garonne qui le conduira jusqu’à l’océan.

Un parcours pour kayaks permet de descendre son cours. Je rêvais de franchir les rapides qui jalonnent la rivière !

On pourra faire des courses, vous viendrez chez moi ! Annonçai-je à mes copains.

Chez moi ! Je ne savais pas encore où serait ce chez moi !

.

Papa accepta les arguments de maman, la proximité de l’autoroute lui permettrait de rejoindre la préfecture dans des délais raisonnables. Il pourrait, à l’automne cueillir des champignons et peut-être chasser la palombe ! La palombe ! Ce ramier qui, chaque automne migre vers l’Afrique du Nord et se rassasie de glands avant de franchir les Pyrénées. Dès le mois de Septembre d’étranges cabanes deviennent des résidences secondaires dans la forêt. Le « mal bleue » s’abat sur la région rendant les hommes indisponibles  ! Ils se retrouvent pour guetter et chasser les oiseaux.

De temps en temps une bâtisse attirait nos regards : nichée dans une clairière elle symbolisait le rêve que nous poursuivions, hélas elle était habitée et pas à vendre !

La chance allait nous sourire. Le printemps nous gratifiait d’un soleil agréable, les oiseaux chantaient en préparant leur première nichée, nous avions rendez-vous chez des gens qui voulaient repartir dans la région parisienne. Une super affaire avait précisé notre informateur :

Ils veulent partir rapidement, allez les voir !

Dans la voiture maman entonna «  colchiques dans les prés «   que nous reprîmes tous en chœur bien que ce ne fût pas de saison, les jonquilles auraient été plus appropriées ! Papa se concentrait sur la conduite, scrutant les panneaux afin de suivre les explications  communiquées par l’agence. Entre les pins, un portail en fer forgé s’ouvrait sur une allée goudronnée bordée de rosiers et dans une clairière une demeure apparût. Un cri de joie fusa.

    -    Quelle est belle ! Youpi !  

Visiter une maison habitée est une  autre aventure.. Par timidité, par crainte de paraître indiscret, nous restions sur le seuil des pièces, n’osant pas trop observer. Les propriétaires très compréhensifs,  encourageaient notre exploration, vantaient les commodités des lieux. 

Un courant de sympathie s’installa. Ils nous invitèrent à goûter.  Pendant que les parents évoquaient les problèmes d’argent, nous pûmes prendre possession du parc.

 Dans la voiture, Lorraine s’impatientait, il fallait qu’elle donne son avis !

Aussitôt libre, elle renifla, visita les alentours et revînt vers nous, frétillant de la queue, sa façon à elle d’approuver notre choix.

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