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26 octobre 2008 7 26 /10 /octobre /2008 17:32

                                                                  Il était une fois,

loin au fond des bois, un territoire nommé :

« Pays maudit ».

On chuchotait, on supputait, on imaginait,

Mais la réalité ne pouvait qu'être pire...

Sorcières, mauvais génies,

S'y retrouvaient,

Y complotaient,

Y manigançaient.

Humains passez votre chemin,

Ne vous arrêtez pas,

N'essayez pas de percer les secrets des potions magiques !

Aux alentours,

Les crapauds coassaient, bavaient,

Les araignées tissaient leurs toiles !

Dans les contrées avoisinantes, on tremblait.

Que se passait-il là-bas ?

 

Bientôt le grand sabbat des sorcières, bientôt...

Dans les campagnes, on s'agitait, on réfléchissait...

On se préparait à l'attaque du lieu damné...

La récolte des citrouilles battait son plein

quand une idée fusa.

On creusa,

On découpa,

On sculpta...

Des bougies dans les potirons,

Fichés sur de longues perches,

Et dans la nuit noire, têtes d'épouvantes,

Monstres flamboyants !

Emmitouflés dans de grandes capes noires,

Les villageois

Frappant des pieds,

Se mirent en marche,

Pour encercler, au fond des bois,

La contrée de l'horreur !

 

Quelle ne fut pas leur surprise, d'entendre des chants,

De voir s'écarter devant eux,

Les branches, les ronces et les taillis.

Ils se laissèrent guider, pousser,

Par une force qui les conduisit vers une clairière,

Où brûlait un grand feu.

Tout autour, sorciers, magiciens, génies et lutins

Dansaient et chantaient

Pour accueillir les hommes et les femmes.

 

Bienvenue à vous !

Pour Halloween

Le savez-vous

Nos pouvoirs vous sont donnés !

Jetez des sorts,

Amusez-vous

Mais

Méchanceté n'utilisez jamais,

Car

Au pays des secrets

Enfermés vous serez

A tout jamais !

Une nuit, une seule,

Vous est accordée !

Halloween est né !

Vive Halloween !

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24 octobre 2008 5 24 /10 /octobre /2008 17:32

Invitation pour une balade  en Aquitaine sur les traces des écrivains

Burdigala est le lieu qui m'a vu naître écrira le poète Décimus Magnus Ausonia. Il possédait cinq villas gallo-romaines dans le bordelais et appréciait son pays « terre de succulences puisqu'elle a pour frontières l'huitre et le beurre, la truffe, le cèpe et le vin, le foie gras, le pruneau et l'ortolan, ce bruant d'Europe à la chair délicate... ». Si vous passez près de Saint Emilion, n'oubliez pas de déguster le Grand cru : Château Ausone, il provient dit-on de l'emplacement exact de sa villa Lucaniacus.

Aliénor fit de son duché une possession anglaise mais c'est une française, Mireille Calmel qui lui consacre son premier roman. La duchesse d'Aquitaine était la petite fille de Guillaume IX Le Troubadour, sa famille encouragea les poètes occitans.

 Jaufré Rudel, prince de Blaye, rencontra-t-il « La dame de TrIpoli » au cours de la deuxième croisade avec sa souveraine ? Est-ce elle qui lui inspira ses poèmes sur l'amour lointain ? En visitant la citadelle de Blaye vous n'aurez  pas de réponse. Au bord de l'estuaire balayé par le même vent salin, au gré des marées, la nostalgie des départs vous envahira peut-être.

A Bordeaux tout le monde cite les trois M : Montaigne, Montesquieu et Mauriac. Mais ils sont nombreux ceux qui ont élu domicile dans cette région et l'ont mise en scène dans leurs œuvres.

En arpentant, les rues de la ville  des fantômes  vous accompagneront. Aurez-vous la chance de croiser sur les marches de l'ancienne faculté de médecine cet homme vêtu d'une peau de mouton qui inspira à Roger Boussinot Vie et mort de Jean Chalosse ?   Natif d'un petit village, sur les bords de la Garonne, Boussinot « monte » à Bordeaux faire ses humanités puis à Paris, mais il reviendra et écrira plusieurs romans ruraux.  

C'est à Bordeaux que François Mauriac passe neuf mois de l'année : « Les maisons, les rues de Bordeaux, ce sont les évènements de ma vie», mais c'est à Malagar, sur les coteaux qui dominent la vallée de la Garonne qu'il écrira Le nœud de vipères, La chair et le sang et Destins. C'est dans sa demeure landaise qu'il fera vivre l'enfant du Mystère de Frontenac.

C'est aussi sur les bords de la Garonne que Michèle Perrein rencontre des personnages « ordinaires » qui deviendront héros de roman. Elle nous conte dans Le buveur de Garonne une pêche à l'alose chère à tous les girondins.

Entre Garonne et Dordogne, l'Entre deux mers accueillit Marguerite Duras à son retour d'Indochine.

La Dordogne, près de laquelle se retira Michel de Montaigne, après avoir était maire de la capitale girondine. C'est dans la tour de son château qu'il écrivit Les Essais.

Vous parlerai-je aussi des géographes Elisée et Onésime Reclus, natifs de la bastide de  Sainte Foy la Grande, d'Elie Faure leur neveu essayiste, tous trois encore présents dans la mémoire des foyens ?

Philippe Sollers : « Je suis né là, juste avant la guerre, tout près des vignes du château Haut Brion.. », Pierre Veilletet, Jean Vautrin, Michel Suffran et bien d'autres, certains natifs du bordelais, d'autres l'ont rejoint, tous ont apprécié comme Anouilh d'y vivre ou d'y passer des vacances. Sur le Bassin d'Arcachon, « ici le soleil, le sable, les vagues, les baignades, les courses me grisent... » (J Anouilh), on déguste « l'huitre grasse et blanche » (Ausone).

Vous aurai-je donné envie d'y faire un séjour ? Vous ne pourrez alors dire  comme Claude Villers : Arrivé dans ce pays par hasard, je fus conquis par surprise.

 

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8 octobre 2008 3 08 /10 /octobre /2008 18:46

Heureux qui comme Ulysse...

 

Trois mois dans ce pays attachant, nous avons pris de nouvelles habitudes, organisé notre vie et pourtant....

L'heure du retour est là !

Un matin, nous commençons notre lente progression vers le nord. Le temps s'est mis à l'unisson, le ciel gris nous rappelle que l'hiver approche.



Nous traversons des paysages reverdis grâce aux dernières pluies, les champs labourés, semés, portent l'espoir d'une récolte.

« Gouverner c'est pleuvoir » aurait dit Lyautey en devenant gouverneur du Maroc.

Peut-être cette année verra t-elle le blé lever, et les greniers se remplir.

 

Passage de la douane.

« Rien à déclarer ? »

Les souvenirs sont bien cachés dans notre mémoire, nous les garderons précieusement pour en faire part aux amis !

Nous reviendrons, Inch Allah ! 

 

 

Traversée calme, la Méditerranée est lisse et bleue comme un lac, quarante cinq minutes plus tard nous foulons le sol espagnol.

Direction Madrid, il fait beau, l'automne est chaud sur la « costa del sol », de nombreux touristes se sont installés pour un hiver au soleil !



La route en lacets escalade la Sierra, et, oh ! Surprise ! L'autre versant est dans la brume !

Les nuages sont accrochés au sommet et nous rappelle que nous sommes le premier décembre !

 

La neige est annoncée dans le nord,

 Au col du Sommo Sierra il fait zéro degré, les chasses neige sont en action.

 Les vacances sont terminées, à quand un nouveau départ ?


                                                                             
(fin)

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4 octobre 2008 6 04 /10 /octobre /2008 18:26

 

 

Un petit tour au souk

 



On ne peut vivre quelques temps au Maroc sans aller faire son marché au souk.

Il y a, bien sur, les souk touristiques : Marrakech, Fez, Agadir, véritables galeries de l'artisanat, qui méritent une visite.



Le souk c'est le marché hebdomadaire, le lieu de rassemblement de toute une région qui permet à chacun de faire  provision de nourriture pour la semaine.

 

Tôt le matin ou dans la nuit, les camions, les carrioles, ont transporté les légumes. 

Sur des nattes posées sur le sol, des pyramides de tomates, de carottes, d'oranges, se dressent.

Situé à l'écart de la ville, c'est un grand terrain qui s'anime et se remplit pour l'occasion.

Devant l'entrée, les taxis déposent les familles et repartent chercher de nouveaux clients.

Les gens de la campagne sont venus en charrette tirée par un âne, ou ont emprunté le bus ou le grand taxi avec les voisins.

Les ânes, entravés, attendent en groupes la fin des activités. Le museau dans un sac de céréales, la queue fouettant en permanence l'air pour chasser les mouches, ils patientent ... Ils ont l'habitude de ces longues heures, leurs yeux envahis d'insectes, expriment toute la tristesse de leur existence !



A l'intérieur la foule se presse. Venus des villages, les douars, éloignés dans la montagne, les femmes sont enroulées dans le grand voile qui ne laisse apparaître que leurs yeux, les hommes ont le plus souvent la tenue traditionnelle, seuls les enfants ressemblent à tous les enfants du monde.

Ils repèrent les étrangers pour mendier stylos, bonbons ou un dirham !

 

Avec le sourire, le commerçant pèse vos légumes, ajoutant toujours la tomate ou la carotte qui fera bon poids !

Pour éviter tout problème de calcul, on ne connaît que le kilo ou le demi kilo, et il faut parfois se livrer à de savantes opérations pour convertir l'ancienne monnaie en dirham !

Ici, les gens parlent souvent le berbère, mais quelqu'un vient à votre secours pour participer à la transaction, et c'est avec un sourire qu'elle trouvera sa conclusion !

 





















En fin d'après midi, la place est abandonnée aux chèvres qui font le ménage avec délectation !

Les taxis, les bus, les carrioles prennent le chemin du retour, chacun retrouve la solitude de la campagne, à la semaine prochaine !

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1 octobre 2008 3 01 /10 /octobre /2008 10:23

Un mois hors du commun

 

 

Chaque année le mois de Ramadan est un moment particulier.

Durant quatre semaines, une lunaison, le jeune est obligatoire du lever au coucher du soleil.

 Le début et la fin sont soumis à l'apparition du croissant de lune, en terre d'Islam.

Du haut de son minaret, l'Imam proclame le commencement du jeune et son interruption.

La vie active ne doit pas en être affectée, seuls les horaires de travail sont modifiés, mais il faut bien reconnaître que tout est différent !



De jour en jour  les magasins ouvrent de plus en plus tard en matinée, les visages sont marqués par le manque de sommeil. Malgré cela....

  • - Bonjour, ça va?
  • - Oui, et toi ça va?
  • - Et toi, le ramadan ce n'est pas trop dur?
  • - Non, ici au Maroc on a l'habitude, en France c'est difficile pour les Maghrébins, autour d'eux les gens fument, mangent, mais ici ça va!

Il faut préciser que celui qui est surpris enfreignant la loi islamique subit les invectives de la population, et les réprimandes des forces de l'ordre. En apparence, et en public, dans les campagnes et les villages, tout le monde respecte  le jeûne.

  • - Le soir, quand on se retrouve tous c'est bien!

Moment de partage, moment de festivités, le mois sacré c'est aussi tout cela.

Sur la table il y a la soupe, les dattes, le lait, le thé, et les gâteaux !

Ah ! Ces pâtisseries du ramadan ! Les femmes  ont pétri, malaxé la farine de blé ou de maïs, ajouté les amandes, les épices. 

Dès le début de l'après-midi, dans les rues, l'odeur de friture précède les montagnes de gâteaux luisants de miel !

Les arômes sucrés, la vue de toutes ces friandises, excitent les appétits.

Les mouches et les abeilles attirées elles aussi, pullulent ! Chaque vendeur, armé de son chasse-mouche, récite sa litanie : un dirham, un dirham !

Comment résister à pareilles tentations !

Les boulangers ont cuit le pain, les vendeurs l'ont amené sur les chariots, la bonne odeur du pain chaud se répand dans l'air, l'heure du repas est proche.

 


Dès dix huit heures, après le signal du muezzin, les rues sont désertes, la harira (soupe de rupture de jeûne) est servie à la famille et aux  amis. Ensuite, les boutiques ouvrent, et la fête commence !

Pour certains elle durera toute la nuit, les autres, plus sages ou travaillant le lendemain iront se reposer jusqu'au petit matin. A l'aube, un déjeuner substantiel leur permettra d'affronter une nouvelle journée !

Attention, à six heures, l'appel venant de la mosquée rappellera à tous qu'il est désormais interdit de boire, manger ou fumer ! Commencera alors l'attente jusqu'à la délivrance du crépuscule.

  Quatre semaines plus tard, tout le monde est suspendu aux informations, le croissant de lune va-t-il réapparaître cette nuit ou la nuit prochaine ?

Il faudra cette année un peu de patience, lundi soir l'annonce est faite : le mois de jeune aura vingt neuf jours !

Mercredi sera donc le jour de l'Aïd, cette journée supplémentaire n'en finit plus ! Les regards fixent la montre, le ciel gris annonce le crépuscule, enfin dix huit heures !

 

Depuis plusieurs jours la ville se prépare : les rues pavoisent, le drapeau marocain flotte au vent.

Les banderoles rouges à l'étoile verte sont accrochées le long des façades, dès que le signal est donné l'Aïd peut commencer !

 

Les familles se réunissent, les immigrés, s'ils le peuvent, reviennent au pays pour participer aux réunions familiales                                                                                                                           .

C'est le moment de respecter un précepte de l'islam, la charité : des gâteaux sont distribués généreusement, les repas partagés.

 

 

 

 

 

 

 
















                                                                                                                                                          (à suivre)

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29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 13:01

                     Rencontres insolites et diverses                               

 

« Qui veut voyager loin ménage sa monture », mais  quelle monture doit-on choisir pour faire un beau voyage ?

   Du camping-car grand luxe à la bicyclette nous aurons rencontré un bel échantillon de véhicules !

Si l'habit ne fait pas le moine, la monture caractérise généralement le voyageur.

Nous sommes rentrés au Maroc en compagnie d'un jeune couple ayant l'intention de visiter le pays à vélo.

  • - Savez-vous que le Maroc est un pays montagneux?
  • - Aucun problème! Nous nous sommes entraînés sur les routes d'Espagne où les sierras sont nombreuses!

Plus tard dans un camping c'est un sexagénaire belge qui nous a fait part de son projet : parti mi-août de son pays, il espère atteindre Le Cap en une année en pédalant !

Son inquiétude ? Sa consommation d'eau, dix litres pour cent kilomètres, trouvera-t-il assez de points de ravitaillement maintenant qu'il approche du désert ?

Ce soir, une petite tente s'élève près de nous, papa, maman, Louis (six ans) et Jeanne (trois ans) aménagent. Une poussette permet aux petites jambes de Jeanne de se reposer !

Depuis un mois et demi ils sillonnent le pays, utilisant le stop, les transports en commun, leurs pieds, pour découvrir de nouveaux horizons.

 

L'école de la vie est riche de savoirs, encore faut-il prendre le temps de s'arrêter, d'écouter, de partager.

Aujourd'hui, promenade sur la plage, rencontre avec un pêcheur de poulpes.

Il vit dans une grotte, dans la falaise et, à chaque marée basse, muni d'une longue gaule, harnachée d'un crochet pointu et d'une sardine odorante et bien ficelée, il fouille sous les rochers.

Un tentacule se détend, il faut lui laisser le temps de se sentir en confiance, d'avancer un deuxième tentacule, puis lorsque l'animal enserre le poisson, retirer adroitement le bâton pour ferrer, et le ramener sur le sable !

 

La bête est intelligente, quand elle sent le danger, elle se recroqueville au fond de son trou et il faudra du temps avant qu'elle ne se risque au-dehors une nouvelle fois !

 Les enfants sont ravis, le «  maître «   d'un jour leur montre une multitude d'animaux invisibles au profane qui se promène sur la plage : le crabe caché sous la pierre qui ne résiste pas à l'odeur de la sardine, les crevettes, beaucoup plus timides ou prudentes, mais qui finiront par sortir de leur cachette, attirées elles aussi par la perspective d'un repas, la limace de mer qui se prélasse dans sa flaque.

 

Comme un magicien il fait apparaître la vie et si l'heure de la marée le permet, nous pourrons ramasser des bulots pour le dîner.

En revenant au camp, ils croisent un vieux bonhomme, le pêcheur de crevettes : il suit les chenaux avec son pousseau et ramène dans le filet quelques crustacés.

 Quand il juge sa récolte suffisante, il complète par la cueillette des vers de mer qu'il ira vendre aux pêcheurs européens pour quelques dirhams !

La journée de travail terminée, la vente effectuée, il rejoint le « bled », son village dans la montagne à quelques kilomètres.

 

Le camping attire tel un aimant ! Le touriste a de l'argent, il est là pour le dépenser.

Kamel le sait.

Il se promène entre les allées...

  • - Bonjour! Ca va? Tu veux du poisson? Regarde, il est frais!

Alléché par des soles de bonne taille, l'affaire est vite conclue, le prix pas trop discuté, livré à domicile, on ne fait pas le difficile !

  • - Tu veux, je les pèle!

Toute peine mérite salaire, et si vous le lui demandez, Kamel se fera un plaisir de vous les cuisiner, vous n'aurez plus qu'à les déguster en sa compagnie.

C'est ce qui s'appelle fidéliser le client, c'est aussi ce qui lui permet de manger à sa faim.

  • - Tu es mon ami, vendredi je te porte le couscous, ma mère le fait très bon.

Si le pourboire est jugé convenable, le repas du vendredi est assuré le temps du séjour, vous aurez même une invitation  à son domicile.

La famille a des besoins, vêtements, friandises, et quelques billets amélioreront un peu l'ordinaire.

 Mais Kamel a des projets, comme tant d'autres il rêve de partir ! Rejoindre les Canaries, et de là entrer en Espagne.

Cette traversée ils l'ont tous dans la tête. Les accidents, les drames, ils les connaissent, cela n'entame pas leur détermination.

  • - Que feras-tu en débarquant dans ce pays inconnu?
  • - Je me débrouillerai, je connais du monde! Je sais faire la pêche, je parle espagnol!
  • - Tu n'auras pas de papier?
  • - T'inquiète pas, moi je suis malin!

 

Ses contacts faciles et nombreux avec les européens de passage lui ont certainement fait espérer une autre vie que celle qui l'attend.

  • - L'année prochaine, tu ne me verras pas je serai parti!

Kamel, s'il réussit sa fuite, aura beaucoup de déceptions, il ignore que le statut de touriste, donne aux gens un comportement qu'ils n'auront pas dans leur pays ! Son Amérique à lui, elle est probablement ici au milieu de tous ces gens  qui ont besoin de lui, qui le reçoivent avec plaisir, mais qui n'oublient pas qu'il est Marocain !

 Il y a ceux qui veulent partir mais aussi ceux qui restent et vivent dans la misère.

 Des miséreux en haillons, dépenaillés, sales, estropiés, nous en croisons tous les jours.

Il y a les « habitués », ceux qui ont leur place à l'entrée du marché, devant la poste ou ailleurs, et auxquels on ne peut résister , handicapés, vieillards, mère et enfant .

Ne pas ignorer la main tendue est facile, agir est plus difficile.

Nombreux sont les touristes qui donnent : vêtements, stylos, bonbons sont distribués généreusement. Beaucoup ont sympathisé avec une famille qui bénéficie de ses dons.

Certains essaient de faire œuvre humanitaire en créant des associations qui agissent sur la durée. Nous avons rencontré Bernard et Michelle qui font vivre un foyer de jeunes filles. Une dizaine de lycéennes, venant de la campagne y sont accueillies pour poursuivre leurs études au lycée de la ville.

 Une goutte d'eau dans un océan de misère, mais pour le bénéficiaire une aide salvatrice.

 Autres rencontres, le baroudeur du désert !

Il se déplace en quatre-quatre, couleur sable de préférence, accepte des conditions de bivouac frustes : une petite tente sur le toit du véhicule, un réchaud à gaz pour le café.

 Par groupes de trois ou quatre, ils sillonnent le pays, cherchant les endroits hors des sentiers battus, s'offrant quelques frayeurs parfois. Ils sont en général bien équipés, GPS, plaques de désensablage, réserves de carburants et ils découvrent des paysages sublimes, des levers ou des couchers de soleil uniques !

Pour quelques jours, ils jouissent d'une sensation de liberté totale.

Le vent du désert effacera leurs traces, le suivant croira lui aussi être le premier à découvrir les dunes!

 

Depuis peu, la côte est devenue le rendez-vous des surfeurs !

Cette nouvelle catégorie de touristes apporte beaucoup de divertissement à la population locale.

Souvent très baba cools, leur tenue vestimentaire, leur vie en communauté et en groupes mixtes alimentent les conversations.

Sans grands moyens financiers, ils trouvent ici la possibilité d'exercer leur passion à moindre frais.

Ils animent la plage et font souvent partager leur sport aux jeunes du pays.

 

On voit alors se côtoyer sur le sable, des européens dénudés, des femmes voilées et des hommes en djellaba, la tête enroulée dans le chèche blanc, noir ou bleu !

Il n'y a pas mélange de civilisation, chacun garde ses habitudes, regarde l'autre avec envie ou curiosité, peut-être avec un peu plus de compréhension !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                             (à suivre)

 

 

 

 

 

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26 septembre 2008 5 26 /09 /septembre /2008 18:23

 

Une économie  dépendante de la mer.

 

 

Depuis une vingtaine d'années, le port en est l'élément central. Construit par les espagnols en échange de droits de pêche, il se classe parmi les premiers ports sardiniers du pays, pourtant une fois encore, il nous faut oublier nos critères.

 Les jours de grosse mer on ne peut ni entrer, ni sortir : « la maison est belle, c'est la porte qui n'est pas adaptée ! » 

Combien de marins, ignorants, inconscients mais ayant un besoin vital de travailler, se sont fait surprendre à leur retour, et ont mis leur vie en danger.

                                                                                                                                                                                    AssisteAssister à l'arrivée des bateaux est un spectacle ...surprenant !

Notre appendice nasal est une fois de plus mis à rude épreuve : il lui faut assimiler, bon gré mal gré, le souvenir des déchargements antérieurs abandonnés sur le quai, qui se dessèchent lentement, y inclure les rejets des moteurs, rarement réglés aux normes anti pollution, et assumer une savante décoction avec le produit de la journée !

Tout cela donne « un jus » que n'apprécieraient guère nos « grands nez » parisiens, mais dans lequel pataugent sans gène, les travailleurs locaux !



Beurk... mais sur le carreau de la criée, les congres se tordent essayant de mordre tout ce qui passe à leur portée, les bars de cinq ou six kilos voisinent les daurades aux sourcils d'or, les saint-pierre présentent leur œil sacré, quelques requins et espadons s'abandonnent sur la glace. Les camions attendent le chargement pour rejoindre un aéroport et expédier la marchandise vers nos poissonneries européennes !

 

Les transactions vont bon train, les caisses changent de main, la dalle se vide en attendant le prochain arrivage.

Dehors c'est une véritable fourmilière. Ici on décharge un bateau : les paniers d'osiers volent de mains en mains, jusqu'à leur destination, des femmes tournent, vont, viennent, prêtes à récupérer celui que le maladroit aura échappé ! Rien n'est perdu, elles récupèreront la marchandise. Plus loin les barques s'approchent du quai et déposent la pêche du jour. Le tri est rapidement effectué : les gros poissons pour la criée, quelques pièces  pour le marché et le menu fretin est donné à ces femmes qui iront dans les villages négocier leur récolte.

Mais le spectacle est aussi sur le quai : entre les sardiniers, les pêcheurs s'en donnent à cœur joie !

 Les bateaux, lors du déchargement, ont vidé la cale et le liquide odorant a attiré chinchards et maquereaux.

 Nombreux sont ceux qui veulent les piéger. Assis sur le sol, indifférents aux immondices qui le maculent, ils lancent inlassablement leur fil dans l'eau. Point besoin d'une canne ! Une pelote de fil, un hameçon et des sardines sont suffisants, un moulinet pour l'élan, plouf ! L'attente n'est pas longue, le poisson est remonté rapidement, jeté sur le sol avec force afin de lui éviter une longue agonie !

Des miaulements plaintifs se font entendre, les chats pullulent, et réclament leur dîme !

S'ils ne sont pas satisfaits,  ils prendront eux-mêmes leur repas, fréquemment une bataille s'en suivra !

Quelques chiens errants essaient de participer mais ils sont rapidement éjectés, ici les chats sont rois !

Une sirène retentit, une nouvelle criée va avoir lieu pour écouler le nouvel arrivage.

                                                                                                                            

                                       Petit tour au marché

 

 

Dix- sept heures, le marché aux poissons bat son plein, revenus de leur sortie en mer, les pêcheurs viennent vendre le produit de leur journée de travail.

Dans la cour intérieure du marché, c'est la bousculade, les allées et venues de la foule encombrent la place.

Sur les étals, tables bancales ou simples planches sur caisses,  la marchandise est exposée, il faut attirer le client, qui a l'embarras du choix.

Le sol est jonché d'écailles, vestiges des jours précédents. l'animation est garantie !

La première sensation est olfactive !

Le poisson ça sent, les effluves s'exhalent et parfument l'air ambiant.

Les palabres vont bon train, discussions vives, contestations,

 -   Tu veux un sar, il est beau, 1kilo, regarde, il est frais !  

 Gardons les yeux bien ouverts, malgré les beaux discours, il peut très bien provenir du filet, posé, hier ou avant-hier et qui n'a pu être relevé qu'aujourd'hui, à cause du temps !

 Sur le sol, des murènes, peu appétissantes, brunes, maculées de taches jaunes, la bouche armée de dents pointues, peu d'amateurs pour ce poisson !

Ailleurs des rascasses roses, véritable pelote d'épingles, on ne sait par où les attraper !

Plus ou moins diversifiés selon les aléas de la pêche, les étalages représentent le travail de la journée.    

 Les miaulements des chats nous accompagnent, ils attendent et espèrent obtenir quelque aumône, ils nous frôlent les jambes avec insistance afin d'obtenir satisfaction.

Les mouches sont de la fête, elles survolent les étals, sont chassées, mais têtues, elles reviennent sans cesse...

Gardons l'esprit clair et notre objectivité pour choisir le mets du soir.

N'oublions pas de demander le prix, de comparer, de le discuter, de vérifier le poids, nous n'en serons que mieux considérés !

A peine avons-nous donné notre accord pour un achat que nous sommes assaillis :

-   Tu veux un plastique ?

Il nous est proposé un sachet pour mettre la bête. Les enfants en ont fait provision et attendent une pièce en échange !

  • - Je le prépare?

 Là, c'est la ruée, ils sont quatre ou cinq à se disputer le privilège de le nettoyer !

La concurrence est rude ! L'offre plus importante que la demande !

Une façon de gagner quelques sous en échange d'un service 

Sur un coin de table, ou bien sur une caisse, ils s'affairent, écaillent, vident, et vous ramènent votre bien.

 Plus loin, des femmes viennent, elles aussi, monnayer leur récolte. Elles ont profité des  marées basses pour aller à la cueillette des moules et des coquillages. Elles les ont décoquillés, séchés au soleil et les présentent sur une natte. Enroulées dans leurs voiles aux couleurs vives, elles sont souvent accompagnées de leurs enfants. Dépenaillés, sales, ils attendent le bon vouloir du client.

Pas besoin de musique d'ambiance, le dépaysement est garanti.

Un vieillard enturbanné dans un chèche blanc, propose des bouquets de menthe, à ses pieds, des pots de miel et des flacons d'huile d'argan, le tout dans des récipients de récupération.

Là, ce sont des brassées de coriandre et autres plantes, dont l'arôme vient chatouiller nos narines !

 Tout autour les boutiques, légumes, olives, épices, et les réchauds en terre pour cuire le tajine.

Mélange d'odeurs, de couleurs, de bruits divers, régal pour les yeux !

 Le boucher a ouvert son commerce, les mouches bourdonnent tout autour !

Les bêtes pendent à leur clou, aujourd'hui c'est le jour du mouton, on ne trouvera pas de bœuf. Pour avertir les clients, les pattes des animaux sont sur le comptoir. Un hachoir, un billot de bois, un coutelas, l'homme est prêt à vous découper un morceau de viande.

 Pas de bas morceaux, pas de premier choix, on prend le morceau qui se présente et qui sera parfait pour le tajine ou le couscous. La viande y est bien cuite, les normes sanitaires sont en partie rétablies !

Partout la foule s'agite, s'embrasse, se congratule, l'européen, facilement reconnaissable, a droit à un accueil particulier.

  • - Bienvenue! Tu es française?





La majorité des marocains parlent quelques mots de français Ici, en raison du passé espagnol, il arrive que l'on ait des difficultés pour se faire comprendre, mais il y a toujours un passant qui se propose pour servir d'interprète.

Si vous utilisez quelques mots de marocain vous serez récompensé d'un beau sourire !

 Accueil, hospitalité, c'est ainsi que l'on attrape le virus du Maroc qui vous titille chaque année et vous incite à revenir !






                                                                                                                                                                 (à suivre)






 

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25 septembre 2008 4 25 /09 /septembre /2008 18:27




La vie sauvage est agréable mais au bout d'un certain temps les avantages d'une vie plus civilisée commencent à prendre une valeur inestimable.

On ne trouve jamais ce que l'on cherche à l'endroit où on le cherche !

 Comme les caravaniers nous suivons les pistes et avançons dans cet océan de sable et de cailloux, à la recherche d'un port ou d'une escale où nous pourrons nous ravitailler.

Nous avons levé l'ancre tôt le matin. A Goulimine il fait déjà 40°.

Cette ville appelée «  la ville des hommes bleus « est une des portes du désert ». Elle a perdu son animation, les caravanes ne reviennent plus de leur croisière en mer de sable et  le marché aux moutons et le souk aux chameaux n'attirent plus que les touristes, on n'y rencontre guère de vrais touaregs !

L'air chaud s'abat comme une chape sur la ville. La vie, le temps semblent se ralentir sous l'effet de la chaleur !

 

 

Dans la campagne, les rayons de soleil brûlants lèchent les pierres, la rocaille. Des champs de figuiers de barbarie s'étendent de chaque côté de la route et sur le bas-côté la récolte attend l'acheteur qui viendra en prendre livraison.

Malheur à celui qui, par gourmandise, s'arrête déguster un fruit ! Le non initié va s'en souvenir ! C'est tout un art de le peler sans se retrouver les mains lardées de piquants invisibles mais présents. Durant quelques jours ils se rappelleront à lui et lui ôteront l'envie de recommencer.

Arrêtez-vous, le vendeur vous offrira avec le sourire, de quoi satisfaire votre curiosité et vous dégusterez le fruit sans aucun risque !

Sous un arganier, des enfants jouent.

Cet arbre, qu'on ne trouve que dans cette région, ressemble à un olivier. Comme lui, il a les branches tordues, et produit des olives.

La sécheresse qui sévit depuis de longues années a donné au feuillage une couleur grise. Que viennent les pluies d'automne, il retrouvera sa couleur verte signe d'espoir.

 

 

 

Grâce à lui et à un vaste projet, l'économie d'une région pourrait être améliorée.

Les olives sont cueillies, acheminées vers Mesti, à quelques kilomètres pour y être traitées. Les fruits sont séchés, débarrassés de leur écorce. C'est l'amande qui sera grillée, réduite en pâte pour en extraire l'huile d'argan au délicieux goût de noisette. Elle commence à être exportée vers les épiceries fines de nos pays. Produit de luxe, elle a des vertus thérapeutiques reconnues et utilisées en parfumerie.

Les coopératives de traitement sont gérées par des femmes et n'emploient que des femmes, l'ensemble des travaux étant manuel. Associé à cet emploi, un programme d'alphabétisation et d'éducation est organisé, il contribue à une amélioration de la condition féminine en rendant les femmes autonomes.

 

Plus on remonte vers le nord plus la culture est développée, protégée et encouragée. Le regard du touriste est souvent attiré par  les chèvres qui grimpent et s'installent sur les branches pour brouter les feuilles et les épines, il n'est pas rare d'en compter une dizaine telle une grappe, dans un seul arbre ! Les enfants en profitent pour soutirer quelques piécettes aux curieux qui s'arrêtent prendre une photo.

Au village, on vous vantera les vertus de l'amlou, mélange de miel, d'amandes et d'huile d'argan aux propriétés multiples.

La barrière montagneuse franchie, l'air marin nous surprend et le thermomètre perd immédiatement dix degrés, la ville d'Ifni apparaît, nouveau port d'attache !

 

                        Une ville au passé insolite

 

Curieuse histoire que celle de cette ville !

 A la fin du quinzième siècle ou au début du seizième, des marins canariens atterrirent sur les côtes africaines et plantèrent le drapeau de conquérants, l'endroit fut déclaré terre espagnole. Le territoire étant un lieu inhospitalier, ses possesseurs ne s'empressèrent pas de le développer !

Bien des années plus tard, lors du partage du Maghreb, le gouvernement madrilène se rappela l'affaire     ne connaissant pas l'endroit exact de l'atterrissage des conquistadors, on fixa au hasard un point sur la carte et il se l'appropria !

 

 

 

 

Une ville y fut édifiée, enclave espagnole, en terre d'Islam, elle bénéficia pendant de longues années des bienfaits de l'administration étrangère : constructions dans le style ibérique, bâtiments publics typés, enseignement de la langue...

En 1969 l'Espagne restitue la ville au gouvernement du pays.

 

L'architecture coloniale est aujourd'hui dégradée, l'entretien, la remise en état, le maintien des choses en bon état de marche n'est pas la qualité première des marocains. Dommage ! «  La promenade » en corniche qui surplombe l'océan et permet d'accéder à la plage, est protégée par une balustrade en pierres, elle aurait besoin d'une restauration, elle accueille les promeneurs venus profiter du spectacle des surfeurs jouant avec les vagues !

Au village, on peut voir les maisons datant de cette époque, les édifices publics reconvertis pour les besoins de la nouvelle administration. C'est ainsi que le tribunal occupe l'ancienne église !

                                                                                  (à suivre) 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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18 septembre 2008 4 18 /09 /septembre /2008 16:13

 

Une partie de pêche nous attend ! 



 
La place est minutieusement choisie : des reliefs de poissons, des coquilles de moules, des bobines de fil attestent que le lieu est fréquenté par les autochtones. La marée est montante, la mer s'agite raisonnablement, des nappes d'écume se déplacent lentement, il est temps d'essayer.

 Un peu de réflexion est nécessaire : si nous pêchons le sar, il vit dans les rochers colonisés par les coquillages dont il est friand, si le bar nous intéresse, c'est un chasseur, il aime surprendre ses proies dans la vague qui s'écrase sur la plage. Certains poissons vivent sur fond de sable d'autres entre deux eaux, la préparation ne laisse donc rien au hasard !



Dans un grand geste puissant le fil se déroule et...flop ! pénètre dans l'eau grise.

Comment la bête trouve t-elle cet appât soigneusement sélectionné ?

A-t-elle un bon odorat ? Une vue remarquable ?

Le bout de la ligne s'incline brusquement, un invité s'est présenté !

Fausse alerte, quelqu'un a goûté, puis déçu ou prudent est reparti !

 Nouvelle tentative, la patience est une qualité nécessaire et indispensable au pêcheur.

De nombreuses fois il faudra recommencer, ne jamais se désespérer !

Le moment tant espéré arrive quand on ne l'attend plus. La canne s'abaisse, le fil se déroule...

  • - ferrer l'animal pour assurer la prise
  • - serrer le frein du moulinet, et remonter lentement...

La bête se défend, elle essaie de se diriger vers les rochers, il faut maintenir la tension, l'empêcher de se faufiler entre les cailloux, la laisser repartir vers le large, la fatiguer et enfin la soulever hors de l'eau, tenter de l'amener à nos pieds !

 

Il arrive qu'elle se décroche au dernier moment mais cette fois la chance nous sourit, une courbine de deux kilos atterrit sur le balcon !

Ses reflets bronze brillent dans la lumière solaire, profitons-en, dans peu de temps elle aura perdu ses belles couleurs.

 Un sourire de satisfaction se dessine sur nos lèvres, notre première courbine !

  • - Elle est belle et grosse!
  • - Comment allons-nous la cuisiner? Au four? Au grill?
  • -
  • - Elle va avoir des belles pierres!

 

 La courbine, poisson mythique du sud peut atteindre cinquante kilos, elle possède derrière ses ouies, deux pierres qui setravaillent en joaillerie !

Les femmes de pêcheur sont fières d'arborer le pendentif qui prouve la valeur de la prise !

D'autres lancers suivront, certains couronnés de succès, mais il est temps d'arrêter, nous sommes certes des prédateurs mais pas des exterminateurs !

Ne jamais prendre plus que ce que nous pouvons manger ou offrir, telle est notre règle.

La perspective d'un bon repas, les nécessités de sa préparation, nous conduisent au village.

 

 

Un village sur la route.

 




 Le Maroc est aujourd'hui la seule voie pour descendre en Afrique noire via la Mauritanie. Tout le long, des villes étapes se sont développées.

Afkenir, est l'une d'elles qui s'étire le long de la route.  Les magasins s'y côtoient, légumes, épiceries, boucheries, réparateurs de pneus et mécaniciens.

Dès l'entrée, une devanture attire l'attention : Café France

 Hassan y officie. Jadis, il est allé France. Après avoir passé plusieurs années à travailler à la chaîne dans une grande usine de la région parisienne, il est rentré au pays muni d'un pécule appréciable.

Il a crée ce café, a fondé une famille et maintenant, « tranquille » au soleil, il accueille les clients. Comme tous, il aime parler de son expérience et nommer les lieux connus.

Reconverti en chef cuisinier, il explique les secrets de ses fritures : la force du gaz !

  • - A la maison, la femme, elle ne peut pas faire comme ça, le feu il n'est pas assez fort, mais ici 200° peut-être plus, tu vois pour le poisson, c'est meilleur!
  • - Combien ça coûte en France, un plat comme ça?

Dans l'assiette du client, bar, daurade et sar, accompagnés des salades traditionnelles, un repas de spécialités peu communes donc chères !

  • - Ici, il va payer douze euros!

Il est fier d'annoncer la bonne affaire.

  • - Tu as beaucoup de clients?
  • - Oui, ça va, ils prennent un thé, je parle avec eux et la prochaine fois ils se souviennent: Café France!

 


Une carriole tirée par un âne s'arrête, elle est chargée d'un bidon, ici pas d'adduction d'eau, il faut avoir sa propre
capacité de stockage  et se faire livrer par le camion ou bien venir puiser dans le réservoir et contre quelques dirhams repartir chargé du liquide vital !

 Vital mais dont la salubrité reste à démontrer !

Quel pourcentage de bactéries y subsiste ?

Nous sommes équipés de filtre et de capsules pour l'assainir, mais  cette précaution est inexistante pour la plupart des villageois.

Hassan a envisagé l'achat d'une pompe électrique pour améliorer la distribution mais l'électricité fournie par des panneaux solaires ne s'utilise qu'avec parcimonie !

Peut-être vaudrait-il mieux installer le réservoir sur le toit !

 Nous sommes devenus « amis », il nous offre un thé à la menthe. Assis à la terrasse, nous pouvons à loisir observer l'animation de la ville.




De nombreux véhicules stationnent, camions assurant le ravitaillement, voitures particulières dont les occupants désirent se restaurer après un long voyage et beaucoup de grands taxis.

Les « grands taxis » sont des véhicules qui assurent le transport de sept personnes, acceptant de voyager ensemble. Les palabres sont longues, les négociations souvent bruyantes pour organiser un  périple d'une longue distance. Se mettre d'accord sur le prix, les voyageurs ne faisant pas tous, le trajet complet, les arrêts, nécessaires ou de confort.



Comme dans tout village, les commerces fonctionnent pour la satisfaction des besoins. Boutiques, ouvertes sur la rue, elles se ressemblent et possèdent toutes  les mêmes produits.

Le choix est délicat :
            - Tu cherches des tomates? Regarde!

  • - Bienvenue, tu es française?

Comment résister ? Mais pourquoi celui-ci plutôt que celui-là ?

 Le client étranger est une bonne source de revenu. Le pouvoir d'achat est faible et la vente au détail nous surprend toujours : fromage vendu à la portion, yoghourt à l'unité, les cigarettes elles-mêmes sont débitées une par une !

  • - Tu veux une cartouche de cigarettes, c'est vingt cinq paquets!
  • - Oui, je prends!

 Nul doute que pour lui je serai sa bonne affaire de la journée !

Pour fidéliser la clientèle, on va chez le confrère chercher ce qu'on ne possède pas !

Acheter de la viande demande un abandon de beaucoup de principes et d'habitudes !

Plusieurs échoppes, côte à côte, et des bêtes suspendues qui attendent d'être débitées. Il y a bien le frigidaire mais on choisit à vue ! Il faut donc présenter la marchandise : bas morceaux, premier choix connais pas, prix unique!

Un regard avant de s'avancer, là l'entame est au gigot, plus loin ce sont les côtes !

  • - Je voudrais un kilo de mouton s'il vous plait! Inutile de préciser plus, d'un coup de hachoir, un morceau est détaché de la bête, posé sur la balance. L'aiguille n'atteint pas son but, un «bout» est ajouté, mais toujours bon poids!

Ne pas s'attarder sur la propreté de l'étalage, prendre son paquet, de retour au campement, laver, parer, découper et faire cuire suffisamment longtemps pour éviter les problèmes !

Le dépaysement est complet, l'atmosphère aseptisée de nos supermarchés oubliée, les effluves qui émanent de partout ne sont pas des fumets gastronomiques, mais les émanations des choses de la vie. L'odorat est mis à l'épreuve en permanence, notre bonne éducation sanitaire aussi !

De retour au campement une douche s'impose !

                                                                                                                                       (à suivre)                                                                               

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14 septembre 2008 7 14 /09 /septembre /2008 14:41

 Un village se crée

Dès le mois d'octobre, les camping-cars arrivent. Le bouche à oreille a bien fonctionné. On amène ses amis, puis les amis de ses amis...

Pour le pêcheur, point de puits pour situer le campement, son chemin est parsemé de balcons, de rochers et de postes de pêche


 
Une esplanade, le regroupement s'organise. Quartier des français, des italiens, des allemands, l'Europe se forme, se centralise et se décentralise au gré des caractères de chacun !Certains s'installent pour six mois et aménagent leur espace, d'autres ne seront que de passage et devront rester discrets, ne pas s'imposer, il y a les habitués et les autres ! Quelques problèmes de voisinage viendront pimenter le séjour. On transporte avec soi ses valises et ses habitudes. La vie en communauté n'est pas toujours facile, la promiscuité ne facilite pas les rapports.

Il y a toujours un chien qui vagabonde au-delà du territoire qui lui est attribué, une radio qui est réglée trop haut et la mauvaise humeur se manifeste, les clans se forment ! Rien de bien grave et la bonne humeur  règnera à nouveau dans quelques heures !

Il y a quelques années, seuls des courageux venaient y exercer leur passion.

Le désert n'offre aucune des richesses habituellement recherchées par le touriste.





Il n'y a rien à y voir, rien à entendre, il faut être animé de sollicitations très fortes pour y vivre ou bien y être né.

Le soleil s'y lève déformé par la brume, mais en montant au zénith, il lancerases flèches brûlantes, et ce n'est pas pour le folklore que l'indigène se drape dans sa djellaba et s'enroule dans son chèche !

Ici, point d'adduction d'eau, point d'électricité, le village le plus proche est à trente kilomètres, le pain frais quotidien est un rêve !

Mais le progrès est passé par là ! Avec la multiplication des touristes, le camion citerne vient remplir les bidons d'eau, les véhicules se sont améliorés, congélateur, panneaux solaires, permettent de recréer une vie meilleure. Les paraboles fleurissent, et un village de vacances est né !

Il y a même:

  Le gardien 

Bienvenue au Maroc !

Sourire aux lèvres, il nous accueille.

  • - Tu viens d'où? Tu es déjà venu?
  • - Oui, il y a deux ans, tu te souviens?
  • - C'est vrai, tu étais là-bas avec les chiens! Bienvenue, tu te mets là?

Il donne des nouvelles de ceux qui sont déjà passés, de ceux qui doivent arriver.

Après les nécessaires informations pratiques, les renseignements indispensables au moral du nouvel arrivant !

  • - La semaine dernière, André a pris un bar de quatre kilos! Il y a quinze jours, les courbines étaient là, il y a eu un orage, l'eau est marron et depuis plus rien il faut patienter.
  • - Inch Allah que le poisson revienne!
  • - Dis-moi et la sardine pour pêcher? Tu peux avoir de la sardine?
  • - Oui, je téléphone à un ami, demain Inch Allah, il te porte la sardine.

Ne jamais dire non, cela fait partie de l'hospitalité marocaine, ne rien refuser, mais s'en remettre à la volonté divine pour la réalisation des dites promesses !

 Il vit sur ce plateau depuis neuf ans, seul, il assure le gardiennage d'un abri de coopérants d'Agadir et devant l'affluence des étrangers il se reconvertit en guide touristique !

Aujourd'hui, prenant son rôle très au sérieux, il vient avec un beau cahier.

Sait-il écrire ?

Quelqu'un lui a-t-il préparé ses belles colonnes ?

Il nous demande d'inscrire notre nom.

  • - Si tu veux l'eau, tu me dis, je t'installe le bidon et quand il est vide, je téléphone!

Quelques poules, le gîte assuré, une rémunération pour ses services, le minimum vital est là !

De quoi d'autre rêve-t-il ?

A-t-il des projets ?

 Nous ne le saurons pas et ne lui poserons aucune question personnelle.

  • - Ca va?
  • - Ca va, Inch Allah!

Il n'est pas le seul à nous intriguer.

 

Une vie de pêcheur

 

Fréquemment sur le plateau, une tente, une cabane, attire l'œil. Une canne dressée nous avertit : un pêcheur professionnel habite ici.




Venu d'Agadir, de Marrakech ou bien d'un douar dans la montagne, il a, pour quelques mois quitté femme et enfants, et tente sa chance sur les falaises.

Des piquets, une toile, des cartons de récupération, l'habitation est prête. Un réchaud de terre cuite, un plat à tagine, une théière, la préparation des repas peut se faire. Ah ! J'oubliai...

 Le fanion sur le bord de la route, pour indiquer à l'acheteur qu'ici on a besoin de ses services.

Tous les matins, au volant de son véhicule, cet homme sillonne le plateau. Au signal, il emprunte la piste et distribue les appâts : cette sardine qui dégage depuis Tantan, le parfum caractéristique de la côte.

 Il prend commande des provisions, le soir il repassera

acheter les prises, fournira le pain, les légumes. Si bénéfice il y a, il rendra de la menue monnaie !

Une vie on ne peut plus simple !

Qui sont ces hommes, pour accepter des conditions aussi dures ?

Une vie aussi fruste ?


Des hommes fiers, qui ne mendient pas, et qui partagent sans hésiter, tout ce qu'ils ont.

  • - Tu pêches?
  • - Regarde, il faut que tu t'installes là, ce rocher est meilleur, là-bas, tu vas casser ton fil, il y a des cailloux dans la mer.
  • -
  • - Ici, c'est bien! Tu veux un thé?

Ne jamais refuser et assister au rituel.

Charger le réchaud de brindilles ramassées avec peine entre les cailloux,

Souffler sur les braises,

Remplir la bouilloire.

Prendre le temps, on peut beaucoup avec de la tranquillité et de la patience.

Maintenant la bouilloire bosselée chante et laisse fuser la vapeur par son bec.

L'homme jette une grosse poignée de feuilles, les ébouillante et rejette le liquide.

Il remplit à nouveau le récipient, thé vert et pain de sucre, beaucoup de sucre.

Il verse le breuvage dans un verre, le transvase dans la bouilloire et recommence, puis il goûte.

Quand il est satisfait, il remplit, en soulevant très haut la théière, des verres minuscules du liquide sirupeux.

Nous le dégustons à petites gorgées et le verre à peine vidé est rempli à nouveau!

 Après beaucoup de remerciements, nous repartirons. Peu de paroles, cet homme parle berbère ou le chleu, mais une rencontre de deux civilisations.

Inch Allah ! Si nous prenons du poisson nous le lui donnerons.

Il regarde notre matériel et choisit, hameçons, fil et des plombs.

  • - Demain, Inch Allah, je te porte la crevette.
  • - Où la trouves-tu?- Là-bas, un peu plus loin à marée basse.

Là-bas, c'est peut être à une dizaine de kilomètres ! Les longues marches sont leur quotidien et ne semblent pas les affecter.

 Ils gravissent les dunes et descendent vers la mer en sautant de rocher en rocher, avec la facilité des chèvres !

Il est temps de se mettre au travail :

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